J’ai menti un mardi de mars 2020.
Devant moi et devant la République, je signe ce jour-là de mes prénom et nom que je ne me baladerai pas à plus d’un kilomètre de chez moi sans dépasser une heure de marche.
Désir simple : faire le tour du Loc. S’il n’y a pas parjure à mon arrivée côté ouest, il y a parjure quand mon périple me mène côté est. J’y dépasse – de peu mais… – ce fameux kilomètre imposé par le décret gouvernemental du 23 mars 2020. Quant à l’heure prescrite à la détente, par ce même décret, le grand tour du Loc doit bien m’en demander un peu plus.
Je ne peux mentir que sur mon heure de départ – comme tout le monde-, donc deux voire trois attestations sont nécessaires tout en espérant l’absence d’un éventuel contrôleur un peu géomètre. (A noter : le nombre de verbalisations par habitant fut faible en Morbihan.)
Ça me fait plaisir d’enjamber les injonctions gouvernementales. Je signe ma liberté de bouger à bonne distance des personnes croisées – sens civique toujours – avec masques si besoin, pour se protéger d’une pandémie dont la mortalité est rappelée chaque soir à la télévision par Jérôme Salomon, directeur général de la Santé.
Au fil des balades, on se sourit complices entre promeneurs, attestés ou non.
Je vois avec bonheur vivre le printemps. La gestion dite « raisonnée » du Loc laisse la place à l’autogestion printanière des grandes herbes. Ces mêmes herbes envahissent les chemins d’accès de nos sept kilomètres de plage interdits par arrêté préfectoral.
Revenir par la plage augmente le nombre d’attestations, mais l’air de l’Océan est resté un ami pendant la pandémie.

Damgan, mars 2025